samedi 11 septembre 2010

Monétiser le Web mobile

Comment monétiser l'Internet mobile ? Va-t-on reproduire le modèle de l’Internet fixe ou bien de nouveaux modèles de revenus vont-ils voir le jour ? Quelles seront les tendances ?

Les professionnels pensent depuis longtemps aux possibilités que l'Internet mobile peut offrir aux marketeurs, annonceurs et éditeurs. Il n'y a pas de doute que ce secteur est en pleine croissance. Selon Gartner, leader des prévisions en matière de technologies, on dénombrera 1,82 milliard de smartphones et autres téléphones Internet en service à travers le monde dans trois ans, soit davantage que le nombre estimé de PC (1,78 milliard).

Cependant, du point de vue du marketing numérique, le potentiel de l'Internet mobile est encore loin d'être pleinement exploité. L'un des aspects de son développement qui reste à résoudre tient à la manière de le monétiser. Va-t-on reproduire le modèle de l'Internet fixe ou bien de nouveaux modèles de revenus vont-ils voir le jour ? Quelles seront les tendances ?

Imaginons, une dizaine d'années en arrière, qu'Internet ait été lancé sur des terminaux mobiles plutôt que sur des ordinateurs de bureau, nous aurons d'après moi une bonne partie de la réponse. Faisons un instant abstraction de tout le bagage associé à l'Internet fixe et portons sur l'Internet mobile un regard neuf, en oubliant la convention qui veut que la publicité soit le seul modèle de revenus envisageable.

Personne ne peut nier que la gestion de campagnes de publicité efficaces sur le Web mobile est délicate. Il suffit d'observer le format des terminaux mobiles pour voir immédiatement où se situe le défi : la taille de l'écran pose toutes sortes de problèmes d'affichage. Au niveau le plus élémentaire, ces équipements ne sont tout simplement pas adaptés à la publicité telle que nous la connaissons sur le Web.

Un autre aspect, peut-être moins évident, à prendre en compte est notre « relation » avec notre mobile. Nous l'emportons partout avec nous. Il y a fort à parier que les deux choses que la plupart d'entre nous ont en main lorsqu'ils quittent leur domicile sont un trousseau de clés et un mobile, probablement un téléphone. Sans parler de la panique qui nous saisit si nous pensons l'avoir perdu... Par conséquent, la relation que nous entretenons avec notre téléphone est bien différente de celle qui nous lie à notre ordinateur : elle est d'ordre plus personnel.

Selon B.J. Fogg, chercheur à l'université Stanford et auteur de "Persuasive Technology: Using Computers to Change What We Think and Do", notre "relation particulière" avec le téléphone mobile s'explique en partie par le fait que nous avons celui-ci en permanence sur nous. L'utilisateur s'attache ainsi plus étroitement à son mobile qu'à son ordinateur de bureau ou portable. Du reste, il partage bien plus volontiers ces derniers que son mobile, ce qui prouve leur caractère moins personnel.

Or, du fait de ce lien personnel avec notre mobile, nous consommons les contenus différemment et nous nous montrons moins réceptifs à certains types d'information. Nous souhaitons choisir ce nous lisons, écoutons et achetons (et à quel endroit), sans avoir besoin de nous le voir dicté par autrui. De ce point de vue, la publicité, par exemple, pourrait être considérée comme trop intrusive.

Je souhaiterais avancer que la publicité ne sera pas le seul moyen de monétiser le Web mobile. Le e-commerce pourrait faire l'affaire. Pensez-y : personnelles et sécurisées, les transactions peuvent être gérées via un seul compte centralisé (votre facture mobile) par l'intermédiaire de votre opérateur mobile avec qui vous entretenez déjà une relation de confiance. Ce modèle se prête bien mieux aux coupons de remise et peut facilement traiter les micro-paiements.

Nous n'en sommes qu'aux prémices et ma théorie reste à démontrer. Une récente étude de Morgan Stanley consacrée à l'Internet mobile prévoit que, tandis que la publicité représente aujourd'hui 40% des recettes de l'Internet fixe, cette proportion n'est que de 5% sur l'Internet mobile, ce qui paraît apporter de l'eau à mon moulin, ne trouvez-vous pas ? La publicité traditionnelle sur le Web n'est simplement pas adaptée à l'Internet mobile. Moi, je mise sur le modèle e-commerce. Et vous ?

MOUNA ROGER
Country Director, Acceleration
Source : (http://www.journaldunet.com)

"M-Commerce" et applications composites

Gartner estime que la progression du m-Commerce en 2010 est de +50% par rapport à 2009. Ce phénomène est encore plus important dans les pays émergents qui ne disposent pas d’une infrastructure de distribution dense. 

Le m-Commerce n'a pas vocation à remplacer les canaux traditionnels, y compris l'Internet sur ordinateur, il convient particulièrement à certains types d'achat basés sur la simplicité des produits et l'urgence de la demande. Selon l'agence Nomura, au Japon, 50% des utilisateurs de mobile achètent régulièrement des produits via Internet et le m-Commerce représente déjà 20 % du e-Commerce. En Europe, selon Forrester, 7% des utilisateurs de mobile en moyenne se déclarent intéressés par l'achat depuis les mobiles, avec de fortes disparités selon les pays (Italie et Suède en tête, France en queue de peloton). A fin 2009, la France comptait 62 millions d'appareils mobiles, soit 95% de la population. 5 millions d'entre eux sont utilisés pour accéder à Internet, soit 13% de la population et deux fois plus qu'en 2008 (étude GFK / Arcep).

Limité à l'origine à l'achat de biens dématérialisés (sonneries de téléphone, fonds d'écran, puis musique MP3, émissions TV et voire même films) le m-Commerce couvre aujourd'hui une gamme de produits et services bien plus large : jeux en ligne, système de coupons et offres d'achats, cartes de fidélité, réservations de tickets en ligne, industrie du tourisme (transports, hôtels, locations), mBanking, mShopping (VPC, grande distribution), sites d'enchères, accès à l'information et aux services payants... les possibilités sont quasiment illimitées. Les nouvelles offres utilisent les fonctionnalités avancées des nouveaux appareils comme la géo-localisation ou la vidéo, pour offrir aux consommateurs des produits et services ciblés, qui correspondent bien au type d'achat impulsif.

Si les challenges techniques sont encore bien réels (portabilité des applications, sécurité des paiements, montée en charge, personnalisation des applications) les opportunités sont immenses et la plupart des grands acteurs en France (environ 64%) comptent offrir ou offrent déjà un moyen d'achat via les mobiles. La plupart des plateformes de e-Commerce annoncent une aussi version supportant le m-Commerce. 

Pour les vendeurs, la question cruciale reste de choisir entre le développement d'applications natives et celui d'applications Web. Les applications natives sont rapides et bien intégrées dans le téléphone. Elles sont disponibles en téléchargement depuis les « AppStores ». Elles sont toutefois longues et coûteuses à développer et ne sont pas portables, il faut donc les générer pour les différents types de téléphones (iPhone, Android, Windows 7 mobile, BlackBerry au minimum). De plus, si les utilisateurs sont prêts à télécharger une ou deux applications de vendeurs majeurs, ils ne sont pas prêts à télécharger des centaines d'applications de sites marchands pour couvrir tous leurs besoins. Enfin, le fait de devoir télécharger au préalable une application, ne correspond vraiment pas au mode impulsif des achats par téléphone. 

La meilleure solution consiste donc à développer des applications Web qui soient réellement adaptées aux terminaux mobiles. Dans ce contexte, les mashups d'entreprise permettent de capturer sans programmation des éléments d'applications existantes, de les publier sous forme de widgets adaptés aux téléphones mobiles puis de les composer dans des applications mobiles RIA adéquates. L'intérêt de cette approche est double : 
  • Il est possible de récupérer des éléments d'applications existantes (données, logique métier et même présentation si besoin est), même quand les applications existantes n'exposent ni services, ni API. Ceci fonctionne y compris pour les applications legacy mainframe ou AS400, les applications Web de première génération, les applications Web avec JavaScript, etc. Evidemment, il est aussi possible de mixer les bases de données et les services dans ces applications composites.
  • Réciproquement, les widgets et services Web ainsi créés sont également disponibles pour les nouvelles applications RIA du SI, fournissant des bibliothèques de services pour une architecture orientée services (SOA). 
Ce choix technologique est fortement validé par les frameworks RIA (basés sur Ajax, Flex ou Silverlight) qui permettent d'améliorer la performance des applications Web et leur intégration dans l'expérience utilisateur native du mobile. L'émergence rapide du nouveau standard HTML 5 consacrera probablement très rapidement la pertinence de cette approche.

Différentes sociétés dans les secteurs de la grande distribution, des services, du e-Commerce, des administrations ou de la banque déploient déjà tous les jours de nouvelles applications de m-Commerce connectées à leur système d'information et respectant ses règles de gouvernance. Nouvelles cibles (jeunes, retraités, etc.), offres géo-localisées, flux continu d'information, réponse aux besoins impulsifs : couplé aux autres outils du Web 2.0, notamment les réseaux sociaux, le m-Commerce permet de développer les revenus en établissant une communication plus intelligente et plus dynamique avec les clients.


OLIVIER PICCIOTTO
Directeur Général, Convertigo
Source : (http://www.journaldunet.com)

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