L’agence tunisienne d’Internet (ATI) est pour une généralisation rapide de l’IPv6 en Tunisie. Les chefs d’entreprises sont appelés à inverser leur logique mercantile pour aider la Tunisie à passer à ce nouveau type d’adressage réseau.
«L’ATI a commencé son expérimentation de l’IPv6 depuis 1999. Nous avons mis des serveurs avec ce type d’adressage. Mais ils étaient accessibles uniquement en interne», a déclaré M. Atef Loukil de l’agence tunisienne d’Internet (ATI) lors d’une journée d’étude sur l’IPv6 organisée par la société Internet Society le 28 octobre dernier. Mais il aura fallu attendre quelques années plus tard pour voir fleurir en Tunisie le tout premier site accessible en IPv6, celui de l’ATI (www.ati.tn) en l’occurrence.
Durant cette journée et devant un parterre de spécialistes venus du monde entier, l’agence Tunisienne d’Internet (ATI) a exposé sa propre expérience dans les préparatifs de basculement du réseau tunisien à l’IPv6. Et pour cause : l’ATI est à la tête d’une commission nationale créée en 2009 par décret présidentiel, avec pour but d’achever l’intégration totale de ce protocole avant 2013.
«Notre propre expérience à l’ATI nous a appris qu’il ne faut pas mettre trop de temps entre la planification et l’exécution», fait-il remarquer à propos du délai qu’a mis l’ATI pour passer de l’expérimentation à la pratique. Il conseille ainsi ses confrères d'inciter leurs gouvernements pour qu’il y ait une prise de conscience globale comme l’a fait la Tunisie en créant sa commission nationale IPv6. «Il faut impliquer le gouvernement pour qu’ils y ait un cadre législatif adéquat. Impliquer les institutions publiques et privées fournissant contenus et services, les fournisseurs d’accès Internet ainsi que les opérateurs réseau est un moyen d’accélérer le déploiement de l’IPv6».
Penser différemment, penser inversement
En effet, beaucoup de sociétés s’activant dans le domaine de l’Internet trainent encore les pieds pour passer à l’IPv6. Pourquoi? Parce qu’ils pensent en termes de retour sur investissement. Et pour cause : le déploiement de l’IPv6 dans une société nécessite une période de cohabitation entre les deux types de réseaux et donc un investissement plus ou moins conséquent (en temps et équipement).
«Beaucoup de chefs d’entreprise se demandent combien ça va leur coûter et comment l’amortir. Or la question qu’il faudrait plutôt poser est : “combien je risque de perdre si je ne passe pas à l’IPv6”». Selon le conférencier, graphe à l’appui, le coût d’entretien d’un réseau informatique en IPv4 vaut déjà plus cher que celui bâti sur l’IPv6.
Ce coût devient exponentiel avec la pénurie des IPv4, la diversification et l’évolution des services basés sur l’informatique. En effet, plus de services implique plus de machines, plus de ressources IP et donc plus de mécanismes de translation complexes. Mais dans le cas d’une migration graduelle à l’IPv6, ces coûts se réduisent considérablement (presque de moitié). Et ce, malgré un sursaut des dépenses allouées à la période de cohabitation des deux réseaux pendant la migration.
Rupture non sans douleur… si elle est mal planifiée
M. Olivier MJ Crepin-Leblond estime, quant à lui, que cette période de cohabitation ne devrait pas durer longtemps. Les bugs et les ralentissements que peuvent engendrer cette phase migratoire, une fois trop prolongée, risquent d’augmenter inutilement les dépenses. Ceci impliquerait un ralentissement du passage au tout IPv6. Ceci dit et vu ses aspects attrayants et sa facilité opérationnelle, la migration totale à l’IPv6 peut se faire rapidement et sans trop de complications.
En clair : la période de cohabitation de l’IPv4 et l’IPv6 sur un réseau informatique (Internet et/ou local) est nécessaire mais ne doit pas s’éterniser. On risque on effet de dépenser inutilement des ressources et des sommes d’argents considérables.
Or, l’Agence Tunisienne d’Internet a déjà initié cette période de transition. En effet, un réseau Internet en IPv6 est déjà en production (notamment sur le Backbone national). L’ATI a également mis en service des passerelles avec ce type d’adressage. C’est le cas par exemple du DNS ns.ati.tn (2001:4350:1:1::10).
L’ATI utilise un Reverse Proxy
Mais c’est depuis le 1er octobre dernier que l’ATI a rendu son site www.ati.tn accessible en IPv6. Sur ce fait, M. Loukil a expliqué qu’en réalité, l’ATI utilise un Reverse Proxy pour assurer ce service.
En d’autres termes, le site de l’ATI est toujours en IPv4 mais si on y fait appel en IPv6, ce reverse Proxy ne fera que traduire la requête de l’IPv6 en IPv4. Un moyen intelligent qui fera office de solution de contournement jusqu’à la généralisation de services web natifs en IPv6. Grâce à ce procédé, on gagne en rapidité de déploiement tout en garantissant la sécurité du réseau.
Grâce à ce système, une entreprise (une banque par exemple) pourra mettre en place l’IPv6 sur son réseau/service Web sans rien changer dans son infrastructure. Les premiers à en tirer bénéfice sont bien évidemment nos fournisseurs d’accès Internet.
Source : (http://www.tekiano.com/)
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