Le procès « Nessmatique » qui a polémiqué la dernière période a fini par son report au 19 avril 2012. Nabil KAROUI, président directeur général de Nessma TV, et après sa dernière déclaration : « Je me retrouve seul face à ces partis islamistes… », a provoqué d’autres inquiétudes qui s’ajoutent aux anciennes, parmi lesquelles la censure « transparente ».
Ce n’est pas une coïncidence que les médias soient interdits de couvrir le procès Nessmatique alors qu’ils étaient les bienvenus lors de la présence de « Imed TRABELSI », l’ancien chouchou de Leila TRABELSI, devant la justice. Tous les indicateurs prouvent qu’il y a quelque chose qui cloche et qu’il existe encore dans le dictionnaire des Tunisiens le mot « tabou ».
Volontaire ou involontaire, le film Iranien Perspolis, diffusé par Nessma TV le 9 octobre 2011, a représenté un bon coup pour Ennahdha afin d’arriver au pouvoir. Malgré le succès qu’a connu ce mouvement après la diffusion du film de Marjane Satrapi, le procès Nessmatique a été fait par des avocats dont on peut raisonner simplement qu’ils sont de purs nahdhaouis.
En comparant le cas de Nessma avec le cas du film « Ni dieu ni maître » de Nadia El FANI, avant de changer son nom, on peut constater que les témoignages et le titre choquant du second cas pouvant être plus aptes pour prendre une part du Buzz, mais c’est le contraire. On parle maintenant des Nessmistes* et Nekmistes*.
Alors pourquoi a-t-on interdit aux médias de couvrir cet évènement ? Peut-on parler d’un signe de passation d’une censure cachée vers une autre transparente ?
Selon les défendeurs des libertés en Tunisie, c’est le retour inévitable vers la censure. Cela s’explique par le fait d’essayer d’accaparer les médias à travers les nominations et l’utilisation de la chaîne Aljazeera comme une interface angélique pour le mouvement Ennahdha.
Le plus dangereux selon les journalistes c’est la censure « transparente » de certains sujets qui sont en rapport avec la liberté des médias d’une part et des sujets comme le « Takfir » d’une autre part. Il faut noter que Nabil KAROUI a été accusé « d'atteinte aux bonnes mœurs, aux valeurs sacrées, et de troubles à l'ordre public ».
L’évènement frappant dans toute cette histoire,c’est l’agression du journaliste Ziad KIRCHAN lorsqu’il venait de sortir du palais de la justice. Selon les agresseurs, le journaliste appartient à la gauche donc il doit payer pour ça. La vidéo, qui avait déclenché une vague de protestations, a circulé de manière flagrante dans les médias nationaux aussi bien qu’étrangers. C’est là où se pose la question… après avoir interdit les journalistes en premier lieu par les autorités, c’est autour des salafistes de les agresser. Deux évènements qui se suivent de manière étonnante !
La vidéo de l’agression de Ziad KRICHAN, qui a choqué les pixels de tous les écrans.
C’est la censure transparente à double canon qui règne l’image médiatique tunisien.
Tous ces évènements ont rappelé aux tunisiens les anciennes pratiques de l’ancien régime de Ben Ali qui a empêché toute possibilité de lui opposer quelle que soit la tendance. Il faut se rappeler clairement que l’ancien régime n’a pas laissé de traces ni pour la gauche ni pour la droite. Après la révolution, le combat s’est devenu face-à-face entre ces deux tendances.
En clair, les journalistes et les hommes de médias ont exprimé leur mécontentement de la situation médiatique surtout envers la censure transparente. D’autre part, la plupart des tunisiens ne sont pas prêts au retour au point de départ car le défis à relever ne sont pas religieux, mais plutôt économiques.
*Nessmistes : Les sympathisants de la chaine Nessma Tv
*Nekmistes : Ceux qui ont contre la chaine et qui l’appelle Nekma Tv